📩 Dans ce numéro : les dessous du quotidien d'un reporter de chaîne d'info, des étudiant·e·s contre la venue d'un avocat à l'ESJ Lille et des nouvelles des p'tits chefs toxiques dans les médias.
Pierre Millet-Bellando, auteur, avec le dessinateur M. LeRouge, de « La fabrique des news » chez Steinkis Editions. [Montage]
Le personnage de ta BD, Guillaume, en proie aux doutes sur le sens et l’utilité réel de son travail de jeune reporter chez News TV, est inspiré de ton parcours à BFM TV et l’émission “C dans l’air” sur France 5. Pourquoi être passé par la fiction pour raconter le réel ?
Pierre Millet-Bellando : Honnêtement, ça m’est venu tout à faire naturellement. La fiction me permet de faire des blagues, bien que tout ce que je raconte soit basé sur du réel. À partir du moment où tu fais le choix de la satire, c’est compliqué de donner les vrais noms des gens. Je ne peux pas dire que cette chaîne [ndlr : News TV dans la BD] est BFM TV. Car mes personnages sont caricaturés, bien que très largement inspirés de mon expérience là-bas.
« Mon but était de raconter l’histoire du mec moyen à qui on a envie de donner des claques avec son micro BFM », disais-tu aux Assises du journalisme de Tours de mars. C’est-à-dire ?
Quand j’ai couvert les Gilets jaunes, j’étais à “C dans l’air”. Je me suis fait taper dessus, comme beaucoup d’autres journalistes. Ça ne venait pas que de black blocs, mais aussi du père de famille qui vient de Bretagne. Avec cette BD, j’essaie de comprendre qui sont ces gens qui deviennent journalistes et à qui on a envie d’en coller une. On parle beaucoup des grands patrons des médias et des reporters de guerre. Mais moi, ma carrière, c’est celle d’un mec anonyme. C’est celle de 90 % des journalistes quand tu n’es pas une méga star. Or, si on veut comprendre ce qui se passe au niveau médiatique, il faut prendre la plus grande généralité des journalistes. Dans le monde de l’info en continu, ils ressemblent à Guillaume.
Toute ressemblance avec une chaîne réelle est fortuite, comme on dit. [Extrait tiré du site de Steinkis Editions.]
Depuis qu’il passe devant la caméra de News TV pour couvrir les intempéries, les soldes de Noël ou les bouchons sur les routes, Guillaume jouit d’une petite popularité auprès de sa famille. À la rédaction, il fait désormais partie des “mecs cool”. Mais auprès de ses amis, c’est plus compliqué…
Guillaume, avant l’épisode des Gilets jaunes, c’est un mec qui ne se remet pas en cause. Il passe à la télé et il est content, comme n’importe qui passerait à l’écran. Si, demain, tu devenais une star, il y aurait un petit melon qui pousserait. Pas parce que c’est toi, mais parce que l’exercice est comme ça. La télé est une mise en avant à laquelle mon personnage adhère. Donc quand ses copains le critiquent, ça lui glisse dessus comme les plumes d’un canard.
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