Bifurqueurs de l'info

✍️ Infolettre mensuelle d'un jeune journaliste qui tente de participer à la bifurcation de l’info et des médias. Des témoignages et des réflexions sur le travail journalistique pour agir.

image_author_Hugo_Coignard
Par Hugo Coignard
28 juin · 8 mn à lire
Partager cet article :

Les écoles de journalisme face au mal-être étudiant

👋 Accrochez-vous bien ! Je fais le point sur la situation à l'école de journalisme de Sciences Po après mon enquête sur le mal-être étudiant. Je partage ma réflexion sur la façon dont les écoles de journalisme abordent le problème. Aussi, des infos de celles et ceux qui font bouger les médias. Et un message important en fin de newsletter...

🔍 Ecole de journalisme de Sciences Po : anatomie d’une crise interne

Mon enquête, qui raconte dix ans de souffrance étudiante au sein de mon ex-école, a provoqué de vives réactions, et une prise en main du dossier par la direction de l’IEP de Paris. Il m’a semblé important de creuser pour connaître les conséquences de la publication, en février, de mon article dans Arrêt sur images. 👇

Documents internes à Sciences Po - Photo : Hugo Coignard - MontageDocuments internes à Sciences Po - Photo : Hugo Coignard - Montage

« Elle n’avait pas l’air bien », me confie un étudiant*. Le 22 février dernier, sur la pause du déjeuner, Alice Antheaume, directrice exécutive de l’école de journalisme (EDJ) de Sciences Po Paris, prend la température auprès de ses élèves. Quelques heures plus tôt, le média Arrêt sur images publiait mon enquête sur mon ex-école de journalisme, « une machine à succès qui essore les jeunes journalistes ». Une trentaine d’anciens et actuels étudiant·es ont témoigné d’un mal-être physique et mental à l’EDJ : fatigue intense, burnout, arrêts maladie… En 2019, ils sont une cinquantaine à avoir alerté l’état-major de Sciences Po de la situation, qui a évoqué, dans mon article, des témoignages « pour la plupart diffamants et calomnieux ».

« L’école insinue que nos témoignages ne sont pas authentiques, pas étayés. […] Juste révoltant. »

Ce qui n’a pas manqué de faire réagir, dans la foulée, d’ex-étudiant·es sur le réseau social X (ex-Twitter), comme Liane Courté : « L'école insinue que nos témoignages, ceux envoyés en 2019 par mes camarades de promotion, et moi-même, ne sont pas authentiques, pas étayés. […] Juste révoltant. ». Une autre ex-élève, Salomé Hénon-Cohin : « Nous nous étions battu·es. Nous n’avions pas été entendu·es. Et là, on apprend que c’est tout simplement car on ne nous avait pas cru. Hallucinant. »

Fin février, des promos passées entre les murs de l’école réactivent sur le moment des boucles de messages endormies. Parmi les actuels étudiant·es de l’EDJ, les portables chauffent aussi. « Apprendre que les mêmes problèmes durent depuis dix ans, ça nous à faire réagir », admet un élève en deuxième année de master. La crise couve… Alors, l’école a pris les devants.

...